Figure majeure du féminisme contemporain et première Française à recevoir le Nobel de littérature, Annie Ernaux incarne pour beaucoup une source d’émancipation individuelle et collective, mêlant l’intime à l’universel. La cinéaste Claire Simon lui consacre un portrait original en donnant la parole aux lycéennes et lycéens et à leurs professeurs : comment son oeuvre est-elle enseignée, reçue, vécue aujourd’hui ? En filmant les adolescents qui commentent et s’approprient les mots d’Annie Ernaux, la réalisatrice fait un portrait de la jeunesse et de son rapport à la littérature comme éveil et transformations des consciences.
Le filmEcrire la vie sera diffusé le mercredi 3 décembre à 21.05 sur France 5, est à (re)voir sur france.tv
[Soucre/ description: France TV; image: La Grande Librairie/Instagram]
« L’atelier d’Annie Ernaux. De la recherche à la création »
Numéro préparé par Pierre-Louis Fort, Élise Hugueny-Léger et AMarie Petitjean
Ce numéro adopte une option critique innovante pour aborder une voix majeure de la littérature contemporaine : il s’agit d’entrer symboliquement dans l’atelier de création d’Annie Ernaux en considérant ses gestes d’écrivaine au travail, telles que les révèlent l’œuvre, son élaboration et ses entours, saisis dans le riche tissu réflexif qui les constitue en « art poïétique ».
Les contributions permettent ainsi d’explorer les indices du savoir-faire de l’écrivaine, à partir des avant-textes, des journaux de création, des entretiens et de l’ensemble du corps de l’œuvre qui se déploie en une vie d’écriture. La fabrique de l’œuvre sans cesse réfléchie au miroir d’une interrogation fondamentale sur l’écriture dévoile de fait des qualités génératives de premier plan pour la recherche-création littéraire, comme en témoigne la place d’Annie Ernaux dans plusieurs thèses et mémoires.
Résumé/ présentation: La vie marque et laisse des empreintes indélébiles. Écrire la vie, c’est sauver de l’effacement et restituer une histoire individuelle ou collective à la croisée de la réalité et de la fiction. Afin que l’histoire restituée soit vraie, l’écriture doit rendre la vie telle qu’elle a été. Sans la métaphoriser. Cet essai témoigne d’une écrivaine et de sa création littéraire qui s’instaure selon la logique de la recherche, de la préservation et de la restitution des traces matérielles et des empreintes affectives. La trace et l’empreinte mettent en dialogue la mémoire, la perte, le souvenir, le temps vécu, le corps, l’identité narrative et le don. Comme l’écrit Tiphaine Samoyault : « ce livre témoigne d’une rencontre entre une écrivaine et sa lectrice, celle-ci transmettant à son tour, dans un livre très riche, la persistance du cercle du don, par-delà les frontières, les âges et les langues. Le contre-don de la lecture répond à la très belle confiance que lui a faite Annie Ernaux en la rencontrant, en correspondant avec elle et en l’autorisant à consulter ses manuscrits ».
[Source: Iringó Cora/Presses universitaires de Rennes]
Appel à contributions pour le deuxième volume de la nouvelle série ‘Annie Ernaux International Studies‘ (éd. Michèle Bacholle et Jacqueline Dougherty).
Ce volume, dirigié par Fanny Cardin, Maryline Heck & Adèle Plassier Angoujard, aura pour objet ‘Annie Ernaux au-delà des œuvres consacrées : premiers romans, textes courts, entretiens’.
Argumentaire:
Si l’œuvre d’Annie Ernaux a donné lieu depuis les années 1990 à une production critique très dense, celle-ci a privilégié certains livres de l’auteure, qu’il s’agisse des récits auto-socio-biographiques (La Place, Une femme), des entreprises d’écritures mémorielles comme La Honte, L’Évènement, Les Années ou Mémoire de fille), des journaux extimes (Journal du dehors, La Vie extérieure, Regarde les lumières mon amour), ou des récits intimes comme Passion simple ou L’Usage de la photo. Au-delà de ces textes, une quantité importante d’écrits reste encore peu étudiée, à commencer par les trois premiers romans (Les Armoires vides, Ce qu’ils disent ou rien, La Femme gelée). Mais ce sont aussi les entretiens, les extraits de journaux (journaux intimes ou journaux d’écriture) ainsi que l’ensemble conséquent de textes courts publiés par l’auteure (récits, essais, articles, tribunes…) qui demandent à être commentés. Ces derniers sont particulièrement éclectiques dans leurs formats comme dans leurs modes de publication (recueils et anthologies, presse, ouvrages collectifs ou numéros de revue). Ce numéro se propose de renouveler les approches de l’œuvre d’Annie Ernaux, en invitant à se pencher sur ces textes peu investis par la critique.
Les propositions de chapitres pourront porter sur un texte précis ou sur un corpus spécifique. Malgré la grande hétérogénéité de ces écrits, il s’agira d’interroger les échos qui peuvent se tisser entre eux, comme entre certains de ces textes et le reste de l’œuvre d’Annie Ernaux. Nous invitons les contributrices et contributeurs à étudier les dynamiques de confirmation ou d’inflexion qui lient ces textes aux livres les plus connus, mais aussi les lignes de forces potentiellement nouvelles ou les nuances qu’ils permettent de dégager, pour interroger leur place dans la poétique ernausienne.
Date de tombée (deadline) :
L’intégralité de l’appel à contributions est disponible ici.
Une nouvelle série de livre entièrement consacrée à l’oeuvre d’Annie Ernaux va voir le jour aux éditions Brill: ‘Annie Ernaux International Studies’. Dirigée par Michèle Bacholle et Jacqueline Dougherty, cette série a pour vocation d’accueillir des études originales sur l’oeuvre de l’autrice. La collection publiera des livres en anglais et/ou en français et invite des propositions de volumes et de monographies. Pour plus d’informations, voir le site de Brill.
Un numéro de la revue Textimage consacré au film Les Années super 8 vient de paraitre. Dirigé par Fanny Cardin & Nathalie Froloff, il est disponible en ligne et contient un entretien avec David Ernaux-Briot.
Présentation: « Élaboré à la suite d’une journée d’étude organisée en février 2023 à l’Université Paris Cité, ce numéro veut interroger le statut particulier des Années Super 8 au sein de l’œuvre ernausienne, comme film mais aussi comme projet collaboratif. Il ne s’agit pas de faire de l’auteure une écrivaine-cinéaste à la Duras, puisque de fait Ernaux n’a jamais revendiqué de désir de cinéma ; dans le film, elle conserve ainsi sa place d’écrivaine, sans se mêler de l’élaboration des images ni de leur montage. Les contributions rassemblées ici entendent plutôt observer comment le film, par la singularité de son projet, permet d’interroger à nouveaux frais l’œuvre de l’écrivaine, aussi bien du point de vue de ses processus d’écriture que de sa nature intermédiale, en passant par les nouvelles questions auctoriales qu’il soulève. »
(F. Cardin, « Introduction »)
Après son inauguration à l’Université d’Artois en présence d’Annie Ernaux, l’exposition ‘Annie Ernaux, une lutte des places’ va se déplacer à Cergy en mai-juin 2025, où elle sera présentée à la Maison de la recherche SHS. Plus d’infos disponibles ici.
Trois publications récentes sur, et autour de, l’oeuvre d’Annie Ernaux:
-‘« Venger sa race ? » Avant et après Annie Ernaux‘, XXI/XX – Reconnaissances littéraires, numéro 5 (2024), Classiques Garnier, sous la direction d’Esther Dumoulin, Jean-Louis Jeannelle et Françoise Simonet-Tenant.
–Mutations et identité(s) dans la littérature contemporaine en français (d’) après Annie Ernaux, sous la direction de Maria de Jesus Cabral, Cristina Álvares, José Domingues de Almeida, Sérgio Guimarães de Sousa & Conceição Varela, Paris, Le Manuscrit, coll. “Exotopies”, 2024. La table des matières est disponible ici. (Source: Cristina Álvares)
-Numéro spécial de la revue Thélème. Revista Complutense de Estudios Franceses, vol. 39(2) (2024). Ce numéro contient un dossier monographique consacré à l’œuvre d’Annie Ernaux, coordonné par Lourdes Carriedo et Loreto Cantón. Ce dossier comprend neuf articles de recherche, un entretien avec David Ernaux-Briot et un texte inédit de la lauréate du prix Nobel sur son voyage en Espagne en 1980. L’intégralité du numéro est accessible ici. (Source: Isabelle Marc)
Le 10 décembre 2024, Annie Ernaux a reçu le premier Doctorat d’honneur de l’Université de Rouen, où elle a fait ses études pendant les années soixante. Plus de photos et d’informations sur le site de l’Université de Rouen, ainsi que l’enregistrement de la cérémonie.
Photo de Mehdi Weber (Source: https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/seine-maritime/rouen/annie-ernaux-nommee-docteure-d-honneur-de-l-universite-de-rouen-rentrer-en-fac-de-lettres-c-etait-rentrer-en-revolte-contre-le-determinisme-social-3076039.html)
Réalisé par Coralie Millet, le documentaire Annie Ernaux – je suis née quelque part (Tamara Films) est diffusé le 29/11/2024 sur France 5.
‘À travers un parcours géographique et narratif, celui de ses vingt-cinq premières années, qui ont résonné durant les soixante années suivantes, le film – le seul pour lequel elle a accepté de témoigner depuis le prix Nobel – propose un portrait « autrement » d’Annie Ernaux, où s’entremêlent ses souvenirs personnels, lors d’une interview riche en confidences menée dans sa maison de Cergy, ses textes lus par une comédienne et, à travers les archives d’actualité, l’histoire du XXe siècle.’